SAIGON – Cochinchine

BERNANOSE1

Géographie physique

Situation

   Le port de Saigon est situé sur la rivière de Saigon, affluent du Donaï 2 à 43 milles de la mer.

Hydrographie

    Dans le port de Saigon, la marée se fait sentir d’une façon importante. Il y a deux marées par 24 heures. L’amplitude maximum est de 3,60 m dans les marées de vive eau. Les courants se maintiennent, tout en diminuant progressivement pendant une durée variant de une heure et demie à deux heures après l’étale, c’est-à-dire que le courant de flot n’est amorti complètement qu’une heure et demie à deux heures après l’étale de haute mer et le courant de jusant ne s’amortit lui aussi que dans le même laps de temps, après l’étale de basse mer.

    Les courants de jusant sont plus rapides que ceux de flots et d’une durée un peu plus longue surtout de juin à novembre.

Géographie économique et administrative

Installations

    Le port de Saigon est pourvu d’un quai en maçonnerie, d’un kilomètre de long, en aval des appontements de la Compagnie desMessageries Maritimes3. De plus les navires venant pour charger le riz et dont la cargaison arrive par jonques disposent de 14 bouées d’amarrage en rivière et de 21 ducs d’albe qui sont établis le long de la rivière en aval de la ville.

Organisation Administrative

    Par décret du 2 janvier 1914, l’autonomie du port a été déclarée et celui-ci est géré par un Conseil d’Administration nommé par le Gouverneur et choisi parmi les représentants des administrations, des industriels, des armateurs, des commerçants et des agriculteurs.

Programme Des Travaux

  Un vaste programme de travaux a été élaboré par le Conseil d’Administration. Sa réalisation se poursuit, tant sur les ressources ordinaires qu’au moyen de l’emprunt de deux millions de piastres que le Conseil d’Administration a été autorisé à émettre.

 Les principaux travaux envisagés sont: l’extension des quais, l’aménagement des quais existants et des quais ou appontements à construire par l’établissement de voies ferrées (voies normales et voies Decauville) qui les desserviront, par la construction de magasins et l’établissement de terre-pleins pour l’entrepôt de marchandises, la création de magasins-entrepôts et de magasins-généraux, l’installation d’un parc à charbon muni de tous les appareils de chargement et de déchargement mécaniques modernes, enfin, l’installation de grues roulantes tant pour le déchargement des marchandises que pour leur manutention dans les magasins.

   Le port de Saigon4 envisage également la création d’un service d’aconnage pour le transport rapide des riz entre Cho Lon et Saigon.

Police

  Le port dispose d’une police spéciale mise à sa disposition par le Gouverneur de la Cochinchine et qui assure la sécurité tant à terre que dans les parties de voies navigables faisant partie du domaine du port.

Budget

   Le budget du port qui dépasse un million de piastres est équilibré en recettes et en dépenses sans subvention des autres budgets.

Statistique

   Le tonnage annuel des navires qui fréquentent le port de Saigon est actuellement de 1.600.000 tonnes environ, comprenant plus de 800 navires non compris le s navires du cabotage.

   Le mouvement général du commerce d’importation et d’exportation en 1922 a été pour le long cours de 208.000.00 de piastres et pour le cabotage de 48.000.000 de piastres.

   Le principal produit d’exportation du port de Saigon est le riz dont l’exportation va continuellement en croissant, compte tenu des années de récolte médiocre. Le maximum a été obtenu en 1921 avec 1.517.000 tonnes de riz exporté.

   Les autres produits exportés par le port de Saigon sont le poivre, le coton, le caoutchouc, le coprah, le poisson salé, les huiles et graisses végétales et de poissons, etc… Toutes les productions agricoles de Cochinchine sont en voie d’accroissement annuel et le trafic du port de Saigon augmente tous les ans. Cet accroissement est d’environ 1/12 par an.

Population

    Au commencement de 1921, la ville de Saigon comprenait : 
    La ville de Cho Lon comprenait :

Historique

   Les origines de Saigon sont très anciennes5. La ville est construite sur un tertre ou giong comme il s’en élève tant au-dessus des alluvions du Delta. Ce giong tirait son importance de ce fait que, au contraire des autres bras du Mékong qui sillonnent la Cochinchine, la rivière de Saigon et le Donaï sont navigables en tous temps par les navires du plus fort tonnage.

  Ceux-ci ne tardèrent pas à se grouper dans le voisinage de la ville annamite qui s’étendait alors entre le grand canal, comblé en 1886 pour former le Boulevard CHARNER6 et le Fort du Sud. Les Chinois s’installèrent à six kilomètres de Saigon et fondirent un marché (Cho Lon).

   La ville de Cho Lon7 prit de l’extension à la fin du XVIIIe siècle et devint très rapidement le centre d’exportation du riz vers les ports de la Chine du Sud, les Chinois ayant à peu près absorbé tout le commerce d’exportation des riz.

   En 1860, le port de Saigon fut déclaré port franc par les Français qui venaient de s’y installer et il resta port franc jusqu’en 1887, époque à laquelle la loi de finances française fut rendue applicable à la Cochinchine, et y institua les droits de douane. On commença à y percevoir les droits du tarif général des Douanes métropolitaines.

   Ces droits ont été modifiés depuis à plusieurs reprises et, actuellement on y perçoit les droits du tarif douanier indochinois.

NOTES:
1:  MARCEL GEORGES BERNANOSE (1884-1952) – Peintre, est né à Valenciennes – la région la plus septentrionale de la France. Résumé de la vie et de la carrière :
+ 1905-1920: Travailler en Indochine et chargé de mission auprès du Gouverneur d’Indochine;
+ 1910:  Professeur à l’École Française d’Extrême-Orient;
+ 1913:  Étudier les arts autochtones et publier un certain nombre d’articles savants;
+ 1920:  Il revient en France et organise des expositions d’art à Nancy (1928), Paris (1929) – peintures de paysages sur la Lorraine, les Pyrénées, Paris, Midi, Villefranche-sur-mer, Saint-Tropez, Ytalia, ainsi que quelques souvenirs de l’Extrême-Orient;
+ 1922:  Publication de livres sur les arts décoratifs au Tonkin, Indochine;
+ 1925: A remporté un grand prix à l’Exposition coloniale de Marseille, et a collaboré avec l’architecte du Pavillon de l’Indochine pour créer un ensemble d’objets d’intérieur;
+ 1952: Décède à l’âge 68 et laisse un grand nombre de peintures et de photographies;
+ 2017:  Son atelier de peinture a été lancé avec succès par ses descendants.
5:  Il devint de bonne heure le marché du riz de la Cochinchine et dès 1680 les jonques chinoises vinrent de Canton s’y approvisionner. C’est de cette époque que datent les premiers établissements des Chinois en Cochinchine.

NOTES:
◊  Source :  MARCEL BERNANOSE, La Cochinchine, Hong-duc Éditeurs, Ho-chi-minh vile, 2018.
◊  Toutes les citations et les notes, les italiques et les images en ton sépia ont été défini par BAN TU THU – thanhdiavietnamhoc.com.