MISSION Culturelle Française Au Vietnam

CRÉATION DE LA MISSION

    À la situation nouvelle, organisation nouvelle.

   Depuis le 1e Janvier 1953, la « MISSION CULTURELLE » a remplacé la Direction de l’Enseignement Français en Indochine. Cette « MIS­SION CUTURELLE » représente une nouvelle formule plus compatible avec la souveraineté nationale du Vietnam (libre) et mieux adaptée au maintien du prestige culturel de la FRANCE dans cet État. Son râle est, d’une part, de dis­penser l’enseignement français par les établissements officiels (lycées, collèges et écoles primaires) qu’elle administre directement et les établissements privés dont elle assure le contrôle technique, d’autre part, de développer la Coopération Culturelle avec le Vietnam (au Sud).

  La MISSION CULTURELLE FRAN­ÇAISE, rattachée directement au Commissariat Général de France en Indochine1 (maintenant à l’Embassade de France), est placée sous la haute direction d’un Inspecteur Général de l’Instruction publique, Chef de la MISSION, secondé par un Inspecteur d’Académie.

   Le remplacement de la Direction de l’Ensei­gnement Français par une à « MISSION CULTU­RELLE » n’a pas consisté en un simple changement de dénomination de cet organisme, mais a été accompagné d’une réorganisation administrative qui a donné à cette « MISSION » l’autonomie et les moyens d’action indispensables qui étaient deman­dés avec insistance par le Conseiller aux Affaires Culturelles. Cette réorganisation administrative s’est traduite dès le mois de Septembre 1952 par le transfert de la Direction de l’Enseignement fran­çais des compétences en matière d’administration du personnel relevant de cette direction, compé­tences qui étaient détenues jusqu’alors par la Direction du Personnel du Haut-Commissariat de France en Indochine; puis par la création, le 1e Janvier 1953, d’un Bureau Financier grâce auquel la « MISSION CULTURELLE » a eu la possi­bilité d’assurer la gestion des crédits qui lui étaient alloués, crédits qui étaient auparavant gérés par la Direction des Affaires Financières du Haut Commissariat de France en Indochine.

L’ENSEIGNEMENT FRANÇAIS

   La France avait construit dans le Vietnam en particulier, et en Indochine en général, une œuvre scolaire admirable qu’il ne peut être question de décrire ici, succintement, mais qu’il convient de rappeler, car les heureux résultats s’en font sentir encore aujourd’hui. Les expériences et les réalisations de l’ancienne Direction de l’Enseignement sont riches pour nous de leçons que nous aurions tort de laisser perdre et les efforts qu’elle a fait pour adapter notre CULTURE et nos méthodes aux milieux vietnamiens nous montre encore sur bien des points le chemin à suivre. Mais la situation nouvelle créée par l’indépendance du Vietnam (au Sud), et, il faut le dire, l’extrême diminution des moyens budgétaires mis à la disposition de l’enseignement qui dépendait autrefois le budget local et doit demander maintenant ces ressources à notre budget national, nous oblige à repenser tous les problèmes.

   Ajoutons que le temps presse. Nous nous trouvons encore en face de générations largement imprégnées par la culture française. La langue française reste d’emploi courant pour les hommes formés par nos écoles. En sera-t-il de même pour les générations qui viennent ? Dans ce pays que tant de iens anciens et d’affinités profondes attachent encore à nous. Si nous voulons que la présence bienfaisante de la France continue à se manifester par sa CULTURE, il faut construire tout de suite in enseignement qui réponde aux bésoins. Là, plus encore quailleurs, c’est nouveaux.

   C’est l’ENSEIGNEMENT  qui fera réellement la haute valeur de la FRANCE.

   Cette tâche n’est pas seulement d’intérêt national, elle est un devoir de la France envers des pays qu’ellé a longtemps coopères et qu’elle n’a pas le droit d’abandonner dans les épreuves difficiles d’une jeune indépendance, devoir d’amitié et non plus de tutelle. Mais pour que vive une amitié, encore aut-il que les amis parlent la même langue, que les échanges intellectuels soient rendus possi­bles par cette langue commune, que la compréhen­sion mutuelle trouve sa base dans l’usage des mêmes moyens d’expression et aussi que les échanges économiques soient facilités par l’emploi d’une seule langue commerciale ? Certes, la France est disposé de son côté à faire une place importante dans son enseignement métropolitain aux langues du Vietnam (au Sud), du Cambodge et du Laos et des mesures récentes ont commencé à préciser ce que doit être cette place (inscription de ces trois langues aux examens de licence en raison de leur valeur culturelle). Mais il est évident que la langue commune de l’amitié franco-vietnamienne ne peut être que le français.

   C’est le sens des accords culturels signés depuis 1949, qui, d une part, se sont engagés à donner une place privilégiée au français parmi les langues vivantes enseignées dans les établisse­ments nationaux, d’autre part ont autorisé la France à ouvrir librement sur tout le terriitoire du Vietnam des établissements scolaires français du premier et du second degré publics ou privés.

   La question Indocbinoise est un test pour la France; et c’est bien ce qui devrait la mettre au premier plan pour une opinion française éclairée. Les États du Viet-Nam (au Sud), du Cambodge et du Laos2 sont passées de la tutelle à l’indépendance dans l’association. Ce lien nouveau, conclusion logique des principes sur lesquels repose une coopération solide, en quoi consistera-t-il ? Politi­que, économique, bien entendu, mais il sera bien fragile s’il n’est en même temps culturel. C’est à l’enseignement, un enseignement de compréhension mutuelle, qu’il appartient de donner une âme à l’amitié Franco-Vietnamienne.

COOPÉRATION CULTURELLE

   La MISSION CULTURELLE FRANÇAISE au Viet-Nam (au Sud) ne doit pas limiter son rôle à maintenir dans ce pays à côté des établisse­ments nationaux des établissements français réservés à une faible minorité. Un tel programme conduirait à une coupure entre les enseignements nationaux et l’enseignement français qui serait alors sans doute condamné à disparaitre dans un avenir plus ou moins éloigné. Cette MISSION doit aussi pouvoir mettre à la disposition du Viet-Nam (au Sud) la riche expérience pédagogique de l’université française et lui apporter toute l’aide technique dont il pourra avoir besoin. Il est indispensable pour cela qu’elle ait les moyens nécessaires pour publier des revues pédagogiques, éditer des manuels scolaires et des ouvrages de vulgarisation rédigés en langue française et en langue nationale, expérimenter les méthodes d’enseignement des langues, les moyens audio-visuels et plus générale­ment tous les procédés destinés à perfectionner l’organisation technique et pédagogique et à développer l’éducation de base, procéder à des études psycho-techniques et d’orientation professionnelle, constituer des cinémathèques, des disco­thèques dont le rôle sera d’assurer un service de prêt de disques et de films d’enseignement et documentaires aux établissements français et aux établissements nationaux.

   Enfin la MISSION CULTURELLE FRANÇAISE au VIETNAM est appelé à devenir un centre de rayonnement de la culture française dans le Sud-Est Asiatique. Elle devra entretenir des relations suivies avec les institutions internationales d’enseignement, d’éducation, de culture et de recherches; s’intéresser à tous les problèmes culturels du Vietnam (au Sud) et des pays du Sud-Est Asiatique et réunir toute la docu­mentation utile concernant ces problèmes. Ce vaste programme devrait être abordé le plus tôt possible: ce sera le rôle immédiat de la MISSION CULTURELLE FRANÇAISE.

NOTES:
1:  … mis à jour …
◊ Source: Culture Française au Viet-Nam, Extraits – Études – Mémoires, Ouvrage synthétique de culture et de cooperation Franco-Vietnamienne, Les Éditions du Viet-Nam (au Sud), Saigon 1957.
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Image typique au début de l’article: Lycée Le Couvent des Oiseaux à Dalat – Source:  wikipedia.org