Le Docteur ALEXANDRE YERSIN – Partie 2
DANG PHUONG
… À suivre pour la Partie 1:
Yersin et le vaccin contre la peste
Apprenant au retour de sa dernière exploration que la peste sévissait au Yunnan32, YERSIN demande et obtient une mission pour aller sur place étudier la maladie au point de vue bactériologique. Sur ces entrefaites la peste éclata avec violence à Hong-Kong, YERSIN est désigné pour aller étudier le fléau dans la colonie anglaise. Prévenu à Viet-tri33, il fait demi tour, prend le bateau à Hong-Kong. Il se heurte à des difficultés multi-pies, mais rien ne l’arrêta; en moins de 48 heures il lait construire une maison en bambous et paillote que lui servira de logement et de laboratoire; un serviteur chinois remplira les fonctions de cuisinier, de boy et d’aide de laboratoire.
Dans des conditions de travail effroyables se cachant pour faire quelques autopsies de cadavres achetés aux ensevelisseurs chinois, il examine au microcope la pulpe des bubons et constate que cette pulpe est constituée par une véritable purée d’un petit cocobacille paraissant en culture pure. La culture du bacille sur milieux usuels suit bientôt cette première découverte ainsi que la reproduction de la maladie sur la souris blanche et la cobaye. YERSIN démontre enfin l’identité de la poste de l’homme et du pat.
Les recherches faites à Paris sur les souches expédiées de HongKong confirment les faits observés sur place. Le bacille isolé par YERSIN est bien l’agent spécifque de la peste.
En 1895, YERSIN fonda l’institut Pasteur de Nhatrang puis rentre en France où ROUX et CALMETTE ont déjà commencé la préparation du sérum antipesteux. Il prend part à ses recherches et, en 1896, revient en Extrême-Orient avec une petite provision de ce sérum qui se montrait au laboratoire assez efficace pour assurer la protection des petits animaux d’expériences. Quelle sera sa valeur en thérapeutique humaine? La peste ne sévit plus à Hongkong, mais elle fait encore des victimes à Canton35 et à Amoy36. YERSIN part pour Canton où, des son arrivée, l’évêque l’appelle auprès d’un jeune séminariste chinois présentant tous les symtômes d’une peste bubonique grave. Le sérum est injecté; rapidemeni les symtômes régressent et le malade guérit. Les cas de peste se font de plus en plus rares; aucun essai d’importance ne peut être tenté. YERSIN part pour Amoy où il peut traiter vingt sept malades; vingt cinq guérissent; la preuve de l’efficacité du sérum antipesteux est faite.
Yersin et Quiquine
YERSIN revient en Indochine où il va se consacrer entièrement à l’Institut Pasteur de Nha-Trang, qu’il ne quittera que de 1902 à 1904, lorsque le Gouverneur P. DOUMER lui confiera la création de l’École de Médecine de Hanoi, ou pour de brefs voyages en France où l’appelle l’amitié fraternelle que le lie à M. ROUX.
Cet homme qui a 33 ans connait déjà la gloire dont, le renom est célèbre dans le monde entier, reste sourd a l’appel de ses aines et de ses pairs qui voudraient le voir revenir parmi eux. Il a fait de l’Indochine et particulièrement du VietNam sa terre d’adoption, il y vivra et y travaillera jusqu’à sa mort au milieu de l’affection et de la vénération de ses disciples et de ce peuple du Vietnam qu’il comprenait et chérissait.
De 1905 à 1918, il assura la direction des deux Instituts Pasteur de Saigon et de Nhatrang: en 1925, il est nommé inspecteur général des Instituts Pasteur de l’Indochine.
Des la fondation de l’institut Pasteur de Nha-Trang, YERSIN spécialise cet établissement dans l’étude des maladies infectieuses qui déciment les troupeaux de l’Indochine tout entière. Il étudie tout d’abord la plus meutrière d’entre elles et la plus répandue au VietNam: la peste bovine. Les travaux aboutissent à la mise au point de la séro-infection. Avec ses collaborateurs, il s’attaque ensuite à l’étude du barbone, du surra et des péroplasmoses.
Parallèlement, il créa des stations d’essais de cultures tropicales et dans la concession de Suoi-Giau essaie d’acclimater avec des succès divers, les arbres à gutta-percha, la coca, la kola, le cacaoyer, le palmier à huile d’Afrique, l’arbre à quinquina, mais surtout l’bévéas brasiliensis dont il a été cherché des graines en Malaisie. Peu de temps auparavant un essai de culture de l’arbre à caoutchouc avait été fait à GiaDinh37, mais c’est à YERSIN que revient le mérite d’avoir soumis pour la première fois un tel essai à la rigueur du contrôle scientifique qui lui permit de fixer de nombreux points relatifs au traitement rationnel des arbres et à la coagulation du latex, préparant ainsi l’admirable essor de cette culture en Indochine.
En 1918, il reprend au Hon-Ba38 les essais d’acclimatation des cinchonas producteurs de quinine qui ont échoué à Suoi-Giau; mais ce sol granitique trop pauvre ne convient pas aux exigences multiples de l’arbre à quinquina. YERSIN recherche alors et trouve à Dran39, à Diom40, à Djiring et au petit Lang-Bian des terres constituant un sol très riche qui, grâce à des conditions favorables d’altitude et de climat ont donné les meilleurs résultats. Lee cinchonas sélsctionnnés y ont parfaitement réussi, donnant un rendement en quinine comparable aux meilleurs rendements de Java.
On peut dès maintenant prévoir le jour où l’Indochine, et surtout le VietNam pourra se libérer du lourd tribut payé jusqu’ici à l’étranger et subvenir lui-même à la totalité de ses besoins en quinine; cette libération et cette prosprérité nouvelle, c’est aux efforts obstinés du docteur Yersin et à la rigueur scientifique avec laquelle; pendant 25 ans, il a poursuivi ses essais sur les quinquinas qu’il lès devra.
Yersin et le souhait à la fin de sa vie
Tel est brièvement exposé l’essentiel de l’œuvre du docteur Yersin, bactériologiste éminent explorateur intrépide, agronome remarquble; l’essentiel seulement, car cet esprit avide de tout connaitre s’est occupé tour à tour également d’aclimatation du bétail et des volailles, de métériologie, d’électricité atmosphérique, de radiations solaires; peu de temps avant sa mort il avait entrepris des observations sur les marées.
Cet oeuvre immense, marquée au sceau du génie, est dominée par la primauté de faction; tous ses travaux tendent à des résultats concrets, toujours l’idée de réalisation s’allie à l’étude spéculative.
Elle rayonne en outre du plus pur désintéressement. Directeur honoraire de l’institut Pasteur de Paris, membre de l’Institut et de l’Académie de Médecine, grand officier de la Légion d’honneur l’extrême modestie de A. YERSIN s’effarouchait des honneurs par lesquels les hommes voulaient lui prouver leur admiration et leur gratitude.
Désintéressé de tout ce qui n’est pas faction et le but à atteindre, insoucieux de toute gloire, méprisant non seulement le luxe mais même le confort, le docteur YERSIN a traversé la vie avec un détachement et une simplicité d’apôtre renfermé dans une austère solitude.
Cette intelligence lumineuse a disparu depuis 14 années, le dernier survivant du Laboratoire de Pasteur n’est plus, mais son âme demeurera parmi nous, continuera à nous guider dans la voie féconde et à nous insuffler sa foi dans les destinées de la Science et de l’Humanité.
À REVOIR:
◊ Le docteur ALEXANDRE YERSIN – Part 1
REMARQUES:
32: … mis à jour …
NOTES:
◊ Source: Culturelle Francaise au Viet Nam 1957, Extraits – Études- Mémoires, Les Éditions du Viet Nam (Sud), Saigon.
BAN TU THU
09 /2020